La porte principale de la Manufacture royale de Villeneuvette
Cette impressionnante entrée de la Manufacture , comporte l'inscription " Honneur au travail "
, devise de la famille Maistre au XIXeme siècle
Cette porte était fermée tous les soirs à 21 h , jusqu'au lendemain matin .
Il y avait deux autres portes d'accès
La Manufacture Royale de Villeneuvette a été une importante cité drapière crée au 17 ème siècle " 1673" avec le soutien de Louis XIV et qui fonctionna plus de 300 ans
Un peu d'histoire :
En 1673 , Pierre Baille , un marchand fabricant drapier de Clermont-de-Lodève " Clermont l'Hérault " achète sur les rives de la Dourbie une métairie et un moulin à foulon .
Très rapidement , il va agrandir sa propriété avec une teinturerie et un atelier avec des métiers à tisser
Tout ceci forme la première Manufacture
Quelques années plus tard , des financiers Montpelliérains vont s'intéresser à cette Manufacture et André Pouget , qui fut Directeur général des Gabelles en Languedoc , va en prendre le contrôle à partir de 1676
Un an plus tard , un édit royal approuve la nouvelle Manufacture royale
""Nous avons approuvé l'établissement qui a été fait , sous notre bon plaisir , d'une Manufacture de draps à Villeneuve -lez-Clermont , diocèse de Lodève , en notre province de Languedoc
Louis XIV édit du 20 juillet 1677
Villeneuvette a été ainsi la deuxième Manufacture royale de draps de laine " après celle de Saptes dans l'Aude " créée en Languedoc pour l'exportation aux " Echelles du Levant " ( le Proche Orient ), suivant la volonté royale de faire face à la concurrence anglaise et hollandaise sur le marché textile en Méditerranée
A la même époque en Languedoc , on construisit le canal du Midi et le port de Sète afin de faciliter l'économie régionale et les exportations
La Manufacture produisait des draps de qualité dit" Londrins seconds " appréciés dans l'empire ottoman , exportés par Marseille après contrôle par les inspecteurs royaux
Elle réalisait dans le même lieu la vingtaine d'étapes nécessaires çn leur fabrication , les plus délicates étant confiées aux femmes et aux enfants
En 1720 , la Manufacture va être vendue à Guillaume Castanier d'Auriac " fils de drapier " qui va lui donner un nouvel essor
Il va contribuer à son embellissement avec notamment un jardin à la française orné d'un grand buffet d'eau
Elle changera à nouveau de propriétaires en 1768, 1788 et 1793 avant de passer entre les mains de la famille Maistre
Au début du XIX ème siècle , on comptabilisait près de 800 travailleurs des environs de Villeneuvette qui travaillaient pour cette dernière dont 200 vivaient sur place
C'était un véritable poumon économique pour la région
La famille Maistre: 1803-1954
Au début du XIX ème siècle , la famille Maistre , propriétaire d'une tannerie à Clermont l'Hérault reprit la Manufacture pour plus d'un siècle d'exploitation familiale où ce succédèrent cinq générations jusqu'en 1954, date de fermeture de la Manufacture
Le précurseur Joseph Maistre dut s'adapter à la nouvelle situation économique en faisant évoluer la fabrication vers les draps de troupes pour les armées
Il est à l'origine de l'industrialisation et de la mécanisation du site
Le travail était rude , les règles strictes , les ouvriers avaient droit à certains privilèges de la part de leur maître : école pour les enfants , allocations en cas de maladie , logement et jardin gratuit , une " caisse d'épargne " 1% du salaire était destiné à payer l'instituteur et à alimenter une caisse de secours ainsi que les frais médicaux , une sécurité sociale avant l'heure
Tout ceci fit , qu'il n'y eut qu'un seul jour de grève en 1917
Ce fut le seul conflit de la Manufacture depuis 1677 .
L'usine fonctionnera à plein régime lors de la première guerre mondiale mais l'entre-deux guerres fut difficile car les commandes de l'Etat diminuèrent au profit d'usines plus compétitives
L'après-guerre marquera la fin de la Manufacture
La Manufacture vivait en quasi -autarcie
Dès le XVIIème siècle s'installèrent une épicerie avec les produits de première nécessité , des petits métiers ( boulanger , menuisier ) et même un médecin
Tout ceci afin que les ouvriers restent dans la Manufacture
Le Règlement de la Manufacture
Voici un petit extrait du réglement de la Manufacture en 1870 :
Obligations pour l'embauche :
"""Etre certifié de bonne vie et moeurs
se conformer à la devise " Honneur au travail "
se coucher de bonne heure
se lever le matin c'est fortune , sagesse et santé
Les enfants de 9 à 14 ans ne travailleront que 8 à 9 heures selon la saison
L'école est obligatoire pour les enfants jusqu'à 12 ans
Au-dessus de 14 ans , 15 heures de présence , 12 heures de travail par jour
Interdiction de fumer dans les ateliers , de tenir des propos vulgaires ou anticléricaux
Ancienne glacière enfouie sous un tertre gazonné
Passons la porte et découvrons sur la gauche la chapelle
La première chapelle fut inaugurée en 1678, Pierre Baille était de confession protestante , religion tolérée depuis l'Edit de Nantes
Les deux religions cohabitaient et se respectaient
Cette petite chapelle fut agrandie vers 1740 sur un plan rectangulaire avec voûte en berceau
Actuellement cette chapelle est privée , elle abrite les tombes de la famille Maistre
Maison place Louis XIV , ces croix blanches peintes au dessus des portes d'entrée dateraient de 1860
Maison place Louis XIV
La place Louis XIV début du XVIII ème s
La Manufacture s'est édifiée selon un plan orthogonal ( qui forme un angle droit ) autour de sa très belle place rectangulaire et avec de larges rues dédiées au roi Louis XIV
Au centre , la très belle fontaine du XVIIIème S sous les platanes centenaires
Sur cette place se situaient école et mairie
Place Louis XIV
La fontaine au centre de la place
Une autre porte d'entrée ( la deuxième )
Détails
Les logements ouvriers
Les logements étaient construits selon des plans types avec souvent à l'étage l'âtre familial en belles pierres de grès et un évier , dégageant le rez de chaussée pour l'activité professionnelle
La toiture en tuiles canal comportait de belles génoises à trois rangs " à la piscénoise " , sans gouttières disgracieuses
Les maisons étaient louées sous l'ancien régime et mises à disposition gratuitement par les manufacturiers du XIX ème .Certaines familles vécurent 200 ans dans l'enceinte de l'usine
Les croix blanches au dessus des portes d'entrée des maisons dateraient de 1860 " signe de bénédiction ou de reconnaissance ?"
Logements allée principale
Logements allée principale ( donnant sur le troisième porte )
Logements allée principale
Logement allée principale
La maison de maître
Au beau milieu de l'allée principale au pavage de pierre , se situe " le Manoir de fabrique " l'habitation des dirigeants de la Manufacture , à partir du XVIIIème siècle
L'horloge XIX ème , située au dessus de l'entrée , était très importante pour la vie de la Manufacture
Il y a une petite fontaine murale qui autrefois , distribuait de l'eau chaude provenant des machines à vapeur des ateliers
En face de la bâtisse , les anciens étendoirs où l'on mettait les draps à sécher
Tout en haut l'horloge XIX ème
La maison de maître ( horloge entre les deux branches ) en face l'emplacement des anciens étendoirs
La petite fontaine murale qui autrefois distribuait de l'eau chaude provenant des machines à vapeur des ateliers ( derrières ces murs les ateliers )
Ateliers
Ateliers( vestiges)
Une autre fontaine
Rue de la Calade
Rue de la Calade ( ainsi que les deux clichés suivants)
C'est la partie la plus ancienne de la Manufacture
Cette rue descend vers la rivière Dourbie , là , où avant la Manufacture , se trouvait un moulin à blé
Cette partie du village est plus rustique et ne ressemble pas au reste de l'habitat plus ordonné
Rue de la Calade
Ci-dessous gravures d ' époque
Ce billet fait suite aux lieux ci-dessous car éloignés de seulement quelques kilomètres
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Tant d'espandimen de naturo pago largamen dou matrassant camin
Ambulo ergo sum
Désolée je ne publie pas de commentaires anonymes , ils vont directement à la corbeille